L'âne si doux
On raconte qu'Il était une fois dans la plaine du Cheliff, un pauvre fellah misérable qui avait un grand besoin d'un âne pour l'aider dans ses taches quotidiennes dans le champ qu'il cultivait tout le long de l'année. Aussi un jour après s'être décidé, il s'était rendu de bon matin au souk de bétail hebdomadaire pour s’acheter un âne robuste. Un animal solide et fort pour l'aider dans sa besogne quotidienne de labour et de moissons battages dans les champs.
Notre brave petit fellah revint donc le soir chez lui, tout content et tout heureux d avoir conclu une très bonne affaire en s'achetant un âne si doux qui faisait déjà sa joie.
Mais auparavant le vendeur qui lui avait cédé cet animal domestique, lui avait soufflé quelques recommandations très utiles et insister sur plusieurs conseils à suivre quant à l'entretien journalier de cet animal, pour qu'il puisse demeurer toujours en bonne forme physique pour le travail.
Pour cela il fallait, toujours lui assurer d'une manière régulière une bonne ration de nourriture journalière de paille de son et d'orge nécessaire à son bien être et de veiller à prendre grand soin de ce baudet et il te le rendra dans son travail, lui avait dit le vendeur.
Plusieurs mois passèrent. Le fellah était très content du rendement de son âne et des bons services qu'il lui rendait dans le travail. Mais le coût de l'entretien était une charge qui se ressentait suffisamment sur les petites économies de notre fellah et cela le déranger et lui donner quelques petits soucis.
Alors, notre malicieux petit fellah eut la petite idée" géniale" de lui soustraire une ration d'orge chaque jour le premier mois. Comme ça s'est il dit ce sera une dépense en moins pour l âne et il ne dira rien et n'en souffrira pas et puis il est résistant comme un mulet, après tout le maître ici c est moi ! Et j'ai le droit de vie et de mort sur mon bien ! Déjà qu il m'a coûté les yeux de la tête !
Quelques mois passèrent, l'âne était toujours là au travail et peiner en pleine campagne de labours. Le soir des que le soleil se couchait. Il recevait une ration de nourriture diminuée et commençait ainsi à donner des signes de fatigues dans son allure. Cela lui passera s'est dit le fellah. C est l'habitude qui commence à faire son effet.
Un an après, le pauvre animal le soir venu ne recevait qu'une maigre ration de paille, pour une journée de dur labeur. Le son et l'orge ne faisaient plus partie du menu. Néanmoins le pauvre âne résistait et demeurer valide pour le lendemain, avec le peu de paille dont il avait droit uniquement le soir. Le fellah était très content des résultats positifs de ses finances. Son activité prospérer de jour en jour et sa vie s'était améliorée beaucoup et il semblait oublier que c'était grâce à l'assistance et au rendement de ce gentil baudet, qu'il avait tiré des bénéfices.
Mais! L'avarice et l'ingratitude ont eu raison de ce mauvais paysan. Il était devenu aveugle et sourd au gémissement de cette pauvre bête qui symbolisait le travail. Il ne ressentait aucune pitié pour cet animal. Cet ingrat s'était détourné de ses obligations de propriétaire responsable de ce doux animal, qui faisait tout le travail ardu sans rechigner.
Et puisque tout baigne dans l'huile, grâce à mon imagination et mon savoir faire, se disait il ! Et que le travail se faisait au moindre coût. Pourquoi hésiter et ne pas passer à la dernière phase de ma trouvaille ! Et lui arrêter complètement la nourriture. Comme ça, si cela réussi et qu il y a continuité dans le travail, c'est bibi le gagnant ! Et je serai le seul bénéficiaire dans l'affaire et pas de faux frais pour l'âne.
Le soir, fatigué et à bout de souffle, le triste animal prenait sa place dans le coin de la grange et attendait sagement que son maître le récompense pour la pénible journée de labeur. Mais en vain, aucune reconnaissance ne se lisait sur le visage de cet abruti de paysan qui se comportait injustement envers un compagnon laborieux.
Il n'avait plus aucune considération pour cette bête de somme. Il avait perdu tous les sentiments de pitié vis-à-vis de son âne. Il était devenu déloyal envers ses engagements et la contrepartie qu'il devait assurer à cet animal Et cette insouciance était entrain de précipiter lentement l'irréparable.
Deux jours après avoir travailler durement et pleinement. Le soir venu le pauvre âne s'endormait sans nourriture.
Et puis après ! S'est dit cet avare de fellah. On dit " qui dort dîne " c'est assez suffisant pour lui. Et déjà qu'il ne s'est jamais plaint.
Le lendemain matin à l'aube, le fellah s'était rendu dans la grange comme tous les jours pour faire sortir l'âne, pour une nouvelle journée de travail. Mais hélas ce dernier ne répondait pas. Il ne bougeait plus. Il était mort. Affamé par son maître. Victime de la hogra gratuite.
Mort de faim, de fatigue, de mépris, d'indifférence et de cruauté et les mauvais calculs ont eus le dernier mot.
Dommage ! S'est écrié cet abruti de fellah, juste au moment ou il avait appris à ne plus se nourrir. Il est mort au moment ou j'avais le plus grand besoin. .Qu'elle khossara ! (Quel gâchis)
De toutes les façons nul n'est indispensable. Et puis, un de perdu ! Et dix de retrouver ! Et les animaux «hachakoum » c'est fait pour travailler ou clamser ? N'es ce pas ? Hein ! Hmar idji wa hmar irouh. (Un âne s'en va et l'autre le remplace)
On peut tirer une leçon d'injustice à mettre sur le compte du decideur qui nourri l'ingratitude et l'exploitation des gens à partir de ce triste récit. Ma pensée va vers ces travailleurs qui ont trimés toute une carrière pour enfin se voir méprisés et mal traiter avec le versement d'une misérable pension en guise de rente ou de revenu pour faire face a un pouvoir d'achat brulant et qui met la fragilité de cette classe dans des situations de mendicité.
Par Adel
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