Algérie : Qu'ont-ils fait du 8 mars chez nous ?
Je ne peux nier l'importance de cette journée-là vue son histoire de lutte et de sacrifice. Je ne suis pas en droit d'oublier ce que les autres femmes ont fait pour que cette journée soit fêtée à travers le monde. Je veux juste dire que je ne veux pas d'un 8 mars "à la mode de chez nous".
Je n'ai plus envie de voir toutes ces femmes envahir les rues et prendre d'assaut les salons de coiffure le matin pour rejoindre les salons de thé l'après midi et autres endroits où elles se prendraient pour "divas d'une demie journée ", dans des salles de cinéma (enfin, ce qu'il en reste) et autres salles de fêtes où l'hystérie battra son plein à coup de Bendir et de Derbouka…
Aujourd'hui encore, beaucoup de femmes seraient des femmes comblées d'avoir 6 heures de libre où la plupart n'auront rien d'autre à faire que de se faire offrir des fleurs en plastique (Merci pour la planète, si au moins elles étaient naturelles ces roses…), des textos et des parfums made in china…
Je ne veux pas d'un 8 mars où le patron bedonnant d'une boite privée d'informatique ou d'imprimerie se fait applaudir par toutes les travailleuses autour d'un mille feuilles/limonade où il se fait passer pour le coq du harem en leur payant à manger, leur offrant des services à café mauves et dorés juste pour leur dire : retourne à ta cuisine ! et en leur faisant du pied sous la table car le grand chef c'est toujours lui !
Je ne veux pas de ce 8 mars où on passe à la télé les femmes qui zaama ont su ou pu remplacer les hommes sur un bateau de pêche ou un garage de mécanique ou sur un parking sous prétexte qu'elles ont une vie meilleure.
Je n'ai nulle besoin de prouver quoi que ce soit ! J'ai juste besoin qu'on voit que je suis un être humain capable de sentiment, de sensation, capable de faire mon travail correctement ! Capable d'honnêteté et de loyauté ! Capable de sérieux !!
Alors moi, el youm, je dirai malgré tout bonne fête à ma fille avec un sanglot dans ma gorge !!
Et j'aurai une pensée particulière à Mme Djamila Bouhired et toutes les moudjahidates. Qu'est ce qu'elles sont restées belles ces grandes dames ! A el Kahina ! A Hassiba Henbouali ! A Hassiba Boulmerka ! A Katia Bengana et j'en oublie...
Je dirai aussi bonne fête aux ouvrières, aux chômeuses, aux femmes de ménage et à toutes les bâtisseuses anonymes !!!
Aujourd'hui aussi, je ferai en sorte d'oublier celles qui défendent zaama la femme dans des salons huppés velours-émancipation-petits fours et je ne penserai qu'aux femmes des douars, aux terguietes, aux m'zabietes, à celles qui habitent les régions les plus lointaines et les plus reculées et auxquelles personne ne pense et qui ne savent même pas que l'on fête la femme un certain 8 mars !
Par Kantra
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