Moi, électrice algérienne
Moi électrice algérienne, je ne voterai pas parce qu'un SMS m'y invite.
Moi électrice algérienne, je ne glisserai pas dans l'urne un bulletin dont je sais qu'il sera détourné par un commando anti-démocratique.
Moi électrice algérienne, si je vote, je ne saurais voter que nul, parce que c'est la seule voix qui se rapproche vraiment du système en place, blanc étant un mensonge et un vrai bulletin de la pitié.
Moi électrice algérienne, je rêve d'un scrutin qui mettra en jeu de véritables programmes.
Moi électrice algérienne, j'aimerais vivre assez longtemps pour savoir ce que ça fait d'attendre des résultats, de les accueillir avec une vraie joie ou une vraie déception parce que le jeu aura été honnête et que je me serais sentie concernée.
Moi électrice algérienne, je suis jalouse des démocraties imparfaites de ce monde, de l'engagement pour de véritables partis indépendants, des campagnes avec les inévitables manipulations d'une presse pas toujours impartiale mais pourtant pas muselée.
Moi électrice algérienne, je respecte le droit de vote mais pas ceux qui l'insultent en faussant le jeu.
Moi électrice algérienne, je ne ferai pas une anaphore à 16 répétitions parce que même si trouver 16 raisons de ne pas faire le jeu du pouvoir c'est très simple, ça me fatigue énormément.
Depuis des semaines on nous répète que le pouvoir aux abois veut absolument nous faire voter en masse. Je ne sais pas d'où vient cette rumeur et quel égo on imagine flatter avec, mais je ne crois pas que le pouvoir ait besoin de nous ou de légitimité, ni qu'il attende qu'on participe de quelque manière que ce soit à le maintenir en place.
Les législatives algériennes ? Il y a 5 ans, ça m'avait inspiré quelques alexandrins. Aujourd'hui, ça ne m'inspire plus rien.
Par Nanou
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