WikiLeaks, trop beau pour être vrai
- T'as entendu la nouvelle ? WikiLeaks livre tous les secrets de la planète !
- Des secrets genre comment résoudre le problème de la faim dans le monde ou empêcher l'avancée du désert ?
- Mais non, ça, ça n'intéresserait personne.
- C'est sûr. Surtout s'il s'agit de l'avancée du désert dans l'esprit des gens…
- Tu imagines, des échanges entre diplomates du monde entier rendus publics, c'est fou non ?
- Oui, c'est comme si tes conversations MSN étaient publiées sur un blog.
- Mais non, c'est un peu plus sérieux que ça.
- Ah ben oui, émoticônes compris bien sûr.
- Non mais c'est important ce qui se passe ! On va en savoir plus sur notre gouvernement pourri, sur les tenants et les aboutissants du pouvoir !
- Parce que tu as besoin d'en savoir plus que tu n'en sais déjà toi ?
- Pas vraiment, mais ça pourrait nous aider à agir.
- Tu as raison. On va pouvoir attaquer tout ce beau monde en appelant le TPI, wiki-preuves à l'appui ! A ton avis, le TPI, on le contacte sur Twitter ou sur Facebook ?
- Laisse tomber, tu crois en rien toi.
- Si, je crois que cette histoire de câbles diplomatiques récupérés et publiés par des jeunes rebelles insaisissables, c'est aussi crédible que, tiens, deux avions détournés qui s'écrasent contre deux grandes tours newyorkaises.
- N'importe quoi. Moi j'aime bien l'idée de savoir que tous les gouvernants du monde tremblent parce qu'on va découvrir…
- … qu'ils sont vénaux, imbus de leur personne, à des années-lumière du peuple et de ses priorités ?
- Non, ça on le savait déjà.
- Que les pays riches veulent être encore plus riches, que les pays pauvres aimeraient bien être riches et que les Egyptiens aiment les fèves ?
- Non, on le savait déjà aussi.
- Que l'Iran déteste Israël, qui est protégé par les Etats-Unis ?
- …
- Que Boutef est un être… Bon, disons un être humain, qu'il va finir par claquer un jour et que la question de sa succession se pose, comme dans toute dictature digne de ce nom ?
- C'est bon, laisse tomber.
- WikiLeaks existe depuis des années et c'est précisément aujourd'hui que tout le monde saute dessus. Ne trouves-tu pas que ce synchronisme digne d'un ballet russe a quelque chose d'étrange ?
- Peut-être.
- Je me souviens d'une époque où l'information était vraiment quelque chose de sacré, où on ne nous balançait pas des scoops pour vendre mais par souci de la vérité. Aujourd'hui la vérité se compte en clics. D'ailleurs, qu'est-ce que tu cliques ?
- Tu as raison, j'en ai assez. On est manipulé par tout le monde. Pour arrêter d'être une victime de ce système en livrant des informations sur moi de mon propre gré, je supprime mon compte Facebook.
- Je vois, tu te e-suicides…
Par Nanou
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