Algérie : la main de l'étranger

La main de l'étranger n'a pas perdu la main. Depuis des années elle se promène parmi nous, car la main de l'étranger est baladeuse. Que les évènements se produisent à Oran, à Berriane ou à Alger, c'est elle. Une émeute, une bombe, une critique, un article blessant l'égo du système ? C'est elle aussi. Les étudiants, les travailleurs, les chômeurs, les femmes, les journalistes ? C'est encore elle.

Comment reconnait-on une main étrangère ? A son doigté très particulier capable de réveiller les pulsions révolutionnaires de toute ville et tout village de notre pays ? A sa poigne ? A sa manucure ? A ses lunettes de soleil de luxe qu'elle porte nonchalamment entre le pouce et l'index ? La contrefaçon fait pourtant suffisamment de ravages en Algérie pour ne pas se contenter des apparences pour juger de l'identité d'une main sans avoir vu son passeport.

Je trouve que cette main étrangère gère décidément ses actions d'une main de maître. Toujours suspectée, toujours montrée du doigt, personne n'a cependant réussi à lui retirer le gant qui cache son vrai visage. Elle est devenue une légende que l'on agite devant le peuple comme un grand méchant loup contre qui même le petit gentil président ne peut rien. 

Je ne connais pas cette main étrangère, je ne crois pas qu'elle existe. Mais je pense que si elle avait existé, à ceux qui l'accusent de tous les maux de nationalité algérienne et qui souhaitent leur transmettre sans passer par un quelconque consulat la nationalité "étrangère", cette main disais-je, nous ferait trois réponses :

- le pouce vers le bas, elle dirait son mécontentement,

- en agitant l'index de droite à gauche, elle dirait que tout cela n'est que mensonge,

- et avec le majeur… Elle exposerait sans détour le fond de sa pensée.

(Elle pourrait également gifler ces personnes, malheureusement figurez-vous qu'une figure allégorique ne peut décemment pas se retrouver dans la figure de ceux qui l'ont créée.)

Mais comme elle n'existe pas, elle ne lèvera pas le petit doigt. Et nous, connaissant la main qui tire véritablement les ficelles, il y a longtemps qu'on se lave les mains de toute cette histoire étrange.

Par Nanou