Algérie : Club des Pins
Si par chance ou malchance la vague de chaleur que l'on subira durant cet été vous pousse à vous échouer sur cette plage du Club des pins, vous allez sûrement être les acteurs d'un théâtre très singulier.
Là-bas, on peut observer de délicieuses choses peuplant cette plage qui manque cruellement de coquillages, mais qui regorge de crustacés. Ces jeunes créatures passent le plus clair de leur temps à se dorer la pilule, que certaines avaleront le lendemain.
On les retrouve donc en maillot une pièce ou deux voire même topless, mais cette dernière pratique reste encore bien rare. Et entre nous, ce n'est pas une aussi mauvaise chose, car déjà qu'avec les deux bouts de tissu on a du mal à rester en place, je vous laisse donc allègrement imaginer le devenant si elles n'en avaient qu'une seule... de pièce !
Si autrefois j'assimilais nos rues à un système solaire où les astres tournent constamment sur orbite… Une fois sur cette plage, vous allez être carrément propulsés dans une galaxie où les systèmes solaires brillent à perte de vue et où les mâles, eux, ont du mal à rester en hors… bite ! Une fois sur place, j'ai eu l'occasion de distinguer quelques catégories de jeunes gens.
Tout d'abord, il y a la fille branchée, celles avec ses grosses lunettes vissées sur le visage, toute la journée allongée sur sa serviette et ne s'aventurant guère dans l'eau au risque de dévoiler la vraie nature de ses cheveux.
Comme tous les gros astres, il y a bien sûr des satellites qui gravitent autour d'elle. Que ça soit le bon copain qui fera sûrement carrière dans une bonne crémerie à force de traire les vaches « à traduire en arabe » ! Ou le grand beau gosse aux cheveux très longs, mais aux idées très courtes, qui au lieu de nager, passe le plus clair de son temps à ramer pour essayer de pêcher un bon poisson, mais au final la pêche au gros reste une alternative à ne pas négliger. Sans oublier, la bonne copine ! Et je pense que là vous connaissez tous la règle, qui consiste à suggérer que dans un couple d'amies de sexe féminin, il y a toujours un des deux astres qui brille plus que l'autre ! Le chanteur Bénabar les a d'ailleurs joliment qualifiées de « celles dont on oublie toujours le nom ». En gros, c'est la bonne copine que la nature a bien entendu omis de gâter.
Il y a bien sûr d'autres catégories de personnes moins superficielles, mais que la superficialité attire.
C'est cette bande de mecs qui viennent en groupe, plantent leur parasol pas loin d'une bande de morues, puis qui passent leur temps à faire des plongeons ridicule afin d'essayer pathétiquement d'attirer le regard de la belle aux lunettes, mais qui au final ne s'attirent que ceux de… comment elle s'appelle déjà ?
Hormis les plongeons, vous avez aussi les jeux de cartes avec les parties de coinche interminables, ou bien de dominos, c'est au choix, le principal c'est que ça soit un de ces jeux qui vous occupent l'esprit, comme pour oublier que vous êtes sur une plage par une belle journée d'été… seul ! Et surtout entouré de mecs ! … au lieu d'être là-bas… Juste à côté, avec cet autre groupe où ce rebelle par ses mèches, qui gratte toujours les mêmes faux accords sur sa guitare, mais au son de ces mélodies qui vous écorchent l'ouïe, on voit un tas de jeunes groupies inexorablement attirées par ce musicien du dimanche voire même du vendredi.
Et si on allait faire un tour de l'autre côté de la plage ? Mais auparavant, sur votre chemin vous allez sûrement croiser un tas de personnes qui, afin de se restaurer ou tout simplement se désaltérer à la buvette, ne peuvent s'empêcher d'y aller par groupe de trois ! Comme si la route vers cette buvette était saigneuse et dangereuse, à trois on se sent donc forcément plus en sécurité. Vous les voyez avec leur petite jupe, leur petit sac, tenant en leur main d'autres sacs, mais en plastique cette fois, déambulant sur cette avenue. Et à les voir se dandiner, on se dit que ce petit tronçon de trottoir cabossé n'a rien à envier à celui de la plus belle avenue du monde.
Une fois arrivé de l'autre côté, nous avons une tranche d'âge certes plus élevée, mais il n'en est pas sur pour le niveau ! Vous savez, ce côté de la plage où vous avez à peine de la place pour déplier les jambes, le lieu de pèlerinage de la frime à bon marché, de la promiscuité étouffante où des mecs bronzés jouent à la baballe… Mais ils n'ont guère de grosse différence avec leurs homologues de l'autre côté de la plage, car leur but à eux deux est le même ! C'est bien sûr, encore et toujours celui de s'attirer les grâces de cette belle jeune fille toujours aux mêmes lunettes qui cachent les traits moche de son visage mais dont le bout de tissu, lui, dévoile la face cachée de… sa lune !
Enfin, je pourrai encore déblatérer durant des heures sur tout ce beau monde, entre le vendeur de beignets clamant haut et fort son amitié à qui veut l'entendre, à ces jeunes pickpockets scrutant les sacs et autres serviettes abandonnés, de ces autres jeunes jouant au foot sur ce goudron aussi dur que leur tête, de ces midinettes à peine timides aux attributs timidement dissimulés, de ces kékés, habitués aux plages populaires qui se délectent du paysage, de ces propriétaires de jet-ski dénués de raison venant mazouté nos plages, de ces émigrés bruyants se croyant toujours dans leur cité, de ces couples en quête de tranquillité et de ces familles qui viennent la troubler, de ces attardés qui promènes leur sac a puce sans muselière... Vous l'aurez compris, cette plage est un panel de jeunes gens stéréotypés, mais ô combien convoitée !
Par Le roi en paix
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